vendredi 25 mars 2011

Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon soutiennent Patrick Viverge

Le socialiste a retrouvé son ex-camarade pour aller soutenir le candidat de gauche aux cantonales dans le Jura.

Sur un quai de la gare de Lyon jeudi matin, Jean-Luc Mélenchon attend Arnaud Montebourg. "Je lui ai réservé une place à côté de moi..." Montebourg est déjà monté dix wagons plus loin. Flottement. Le socialiste et le leader du Front de gauche finissent par se retrouver. Embrassades chaleureuses, Montebourg s'enflamme - "C'est ça une campagne unitaire de second tour !" -, réajuste le col de veste de Mélenchon et entraîne dans le train son "compagnon de route".

Ces deux-là, qui n'ont pas fait campagne ensemble depuis que Mélenchon a quitté le PS en 2008, s'en vont vers Dole, dans le Jura, département que la gauche espère emporter aux cantonales. Elle y est à égalité avec la droite, mais bien qu'étant localement très divisée, elle dispose d'un léger avantage. Dans le wagon-bar, Mélenchon et Montebourg échangent les amabilités. "Ça me fait plaisir de payer le café à Méluche", dit le premier. "Il y a une dimension qui me fait plaisir à être avec Montebourg, lâche l'autre. On sait ce qu'il met sur la table en idées et en débat."

"Je ne suis pas devenu antisocialiste"

Ainsi Mélenchon confie que "Montebourg fait partie des meilleurs" pour les primaires. "J'espère que Benoît Hamon aura le courage de porter haut et fort ses combats comme celui contre le pacte de compétitivité de Sarkozy et Merkel", confie-t-il. Mais avec Montebourg aussi il a partagé des combats, comme le "non" au traité européen... Et il en partage encore, comme la VIe République. "Je ne suis pas devenu antisocialiste", martèle-t-il.

On le voit venir, Mélenchon, qui, malgré les éloges dont il couvre Montebourg, dit de lui, devant lui : "Il va se faire écrabouiller par la machine qu'il a inventée alors qu'il ne le mérite pas." Il se dit persuadé que les primaires aboutiront à la victoire du "plus petit dénominateur commun", à savoir "le néant et les sondages"... Tacle à DSK, relégué au rang de "candidat surnaturel"...

Et voilà Mélenchon qui finit par dévoiler son calcul deux heures plus tard, en s'adressant à des militants : "Si vous n'avez pas votre compte au PS parce qu'il aura eu la mauvaise idée de ne pas choisir Montebourg, alors me voici au premier tour de la présidentielle !" Un appel aux futurs électeurs d'un Montebourg donné perdant d'avance aux primaires à voter pour lui en 2012... Flottement. L'enthousiasme de Montebourg n'est que très modéré...

Aubry, "une mante religieuse"

D'autant qu'avant 2012, il faut gagner les cantonales. Ce même jour justement, Martine Aubry est dans le Jura, dans le canton de Chemin, voisin de Dole, pour y soutenir le candidat en difficulté Claude François... Les deux troupes ne se croiseront pas. Mélenchon n'apprécie pas que l'alliance entre le PS, le PCF et Europe Écologie-Les Verts pour barrer le FN se fasse sans le NPA. Et il est furieux que les Verts refusent le principe de désistement réciproque dans tous les cantons.

Alors en arrivant à destination, accueilli par le candidat du canton de Dole Patrick Viverge - soutenu par le Parti de gauche de Mélenchon et soutien de Montebourg aux primaires... -, Mélenchon s'emballe pour justifier son refus d'apparaître au côté d'Aubry : "Elle a un côté mante religieuse en politique qui m'indispose absolument. Il suffit de paraître à ses côtés sur une péniche ou dans un train pour être considéré comme digéré, ce qui n'est pas dans ses moyens s'agissant de moi."

Montebourg, pourtant en froid avec Martine Aubry depuis la publication de son rapport sur la fédération PS des Bouches-du-Rhône, plisse les yeux, esquisse un sourire qui tient plus du rictus et nous glisse en aparté : "C'est moyen"... Flottement.

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